Le domaine de Ligoure, situé au Vigen, est constitué d’un château et de son parc paysager, de terres agricoles et d’un parc forestier de 40 ha, de sept domaines, l’un dit du Grand Ligoure, le second de la Porte, le troisième de la Boufferie, le Quatrième du Bas-Ligoure et les trois autres de Pazat.

Le tout représente 291 hectares.

L'ENVIRONNEMENT DE L'ANCIEN CHÂTEAU

Son histoire est une histoire de famille qui débute au 19e siècle, avec son achat en 1856 par Frédéric Le Play.
Albert Le Play (le fil de Frédéric) a écrit dans les « Souvenirs » (non publiés) : « Le Château était en ruines et les bâtiments d’exploitation s’effondraient, mais on jouissait d’une vue superbe et du voisinage des belles tours de Chalusset »

Selon Béatrice Thomas-Mouzon « La réserve et les domaines sont composés chacun de maisons pour les colons, bâtiments d’exploitations, cour, airages, jardin, enclos, chènevières, terres, près, pacages, châtaigneraies, futaies, semis, bois, taillis, plantations et autres héritages »

Le Château de Ligoure acheté en 1856 était vétuste : des travaux de restauration ont été dans un premier temps envisagé, avant que la décision de construire un nouveau château ne soit finalement prise à partir de 1868. L’ancien fut démoli en 1870.

De l’ancien château ne subsiste qu’une tour ronde d’angle ainsi qu’un petit bâtiment attenant, qui permet de dater cette construction de la fin du 16ème siècle ou du début du 17ème. Cela a servi de laboratoire de chimie agricole à Albert Le Play.

Il y avait à Ligoure une « belle châtaigneraie produisant de bons cèpes, une allée de chênes centenaires ».  Frédéric Le Play attachait un grand intérêt à cette allée et indiquait, dans un courrier à son fils daté de 1865, qu’il fallait la « soigner comme la prunelle de nos yeux ». Ces chênes ont été préservés lors des divers aménagements, il en reste encore aujourd’hui quelques-uns avec des hêtres plantés en alternance.

Il est probable que Frédéric Le Play ait fait appel au paysagiste Choulot pour le projet paysager du parc de Ligoure, entre 1858 et 1863. Cependant, il n’existe aucun plan de cette création, cela reste donc une théorie. Choulot décèdera en 1864, et les travaux d’agrandissement du parc débuteront en 1865.

LES TRAVAUX D'AGRANDISSEMENT DU PARC FORESTIER

Selon les « Souvenirs » d’Albert Le Play, le parc aurait été planté peu après la reconstruction du château entre 1882 et 1894. Il semble en fait que l’histoire du parc commence dès l’acquisition par Frédéric Le Play en 1856 et se poursuit sur 3 générations.

On peut supposer que de nombreuses plantations ont eu lieu vers 1865. À partir des années 1926 et jusqu’en 1935, Pierre Le Play (le petit-fils) a fait planter environ 200 espèces et sous-espèces, qu’il choisissait soigneusement dans différentes pépinières françaises, voire anglaises.

Le parc paysager, lui, a été enrichi jusqu'en 1930 d'une collection botanique remarquable. Il offre aujourd’hui à la vue du promeneur plus de 200 variétés de conifères.

Quelques arbres sont des espèces rares, ce qui donne au parc un intérêt botanique remarquable.

LA PISCICULTURE

Vers 1883, Albert Le Play a fait construire un étang et toute l’infrastructure d’une pisciculture, sur le petit ruisseau du Gaby, qui se jette dans la Ligoure.

Aujourd’hui, la passerelle sur le Gaby est encore visible, tout comme les bassins d’alevinage, les vestiges d’un abri maçonné, l’étang pour l’élevage des truites, la chute d’eau en cascade s’échappant du déversoir.

LA MAISON DU GARDE

On peut supposer que c’est en 1883 qu’a été construite la Maison du Garde de style néo-gothique ainsi que la clôture avec portail d’entrée.

Le métier de garde au 19ème siècle consistait à « garder » la forêt et de veiller à une application très stricte des règlements forestiers, notamment d’affouage (répartition du bois de chauffage et d’œuvre pour les habitants). Il surveille également cet espace contre le vol de bois, le respect des réserves de chasse, le braconnage… Il pouvait même mettre des amendes aux contrevenants. Le garde du domaine envoyait chaque semaine les nouvelles à Albert Le Play lorsqu’il était à Paris, afin de le tenir informé du bon fonctionnement de l’exploitation.

La maison du garde, tout comme la pisciculture, participent à l’intérêt patrimonial de Ligoure.

LE PONT

On remarque face à la maison du garde (dite « Maison de Blanche-neige ») les vestiges d’un pont permettant de traverser la Ligoure. On distingue encore les deux piles maçonnées en pierre.

Ce pont avait pour fonction de permettre la jonction entre les rives de la Ligoure afin que le garde puisse surveiller et entretenir les bassins de pisciculture situés sur l’autre rive.

LE MUR D'ENCEINTE

Le domaine de Ligoure est encerclé sur son ensemble par un mur d’enceinte. Il s’agit d’un mur en pierre maçonné qui date du 19ème siècle, la pierre utilisée est le gneiss qui a été prélevée directement sur place.

UNE HISTOIRE DE FAMILLE

En achetant le domaine de Ligoure en 1856, Frédéric Le Play souhaite y enraciner sa famille.

Frédéric, à la fois ingénieur, économiste et sociologue, veut y créer un grand domaine agricole, une application pratique de ses idées novatrices en matière d'agriculture et d'organisation sociale.

Il transmettra en 1867 le domaine à son fils Albert. Albert faisait des études de médecine mais s’investit à Ligoure avec les conseils et recommandations de son père. Conscient du mauvais état de la propriété, il procède à de nombreux changements. Tout d’abord il fait bâtir un nouveau château sur les ruines d’un ancien édifice, des dépendances et de nouvelles étables, et rachète du matériel agricole. Il aménage la partie forestière et fait construire un mur d’enceinte d’une longueur de 6 km en 1881.

Son petit-fils Pierre a géré Ligoure de 1910 à 1964.

Frédéric Le Play (1806-1882)

Frédéric Le Play
(1806-1882)

Frédéric Le Play est né à La Rivière-Saint-Sauveur (Calvados) le 11 avril 1806.
Après avoir reçu une formation à l’École Polytechnique, puis à l’École des Mines, il devient directeur des Mines de l’Oural entre 1845 et 1853.
Il devient fondateur d’une science sociale et publie deux ouvrages « Les ouvriers européens » et « La Réforme sociale ».
Conseiller d’État entre 1853 et 1867 sous le second empire, puis Sénateur, il est également Commissaire de l’Exposition Universelle de Londres en 1855.
Il créé même l’École de la Paix sociale et la revue de la Réforme sociale.
Il est l’auteur d’une enquête demeurée célèbre sur les “ouvriers européens” (1856). Il réalise de nombreuses études pour le gouvernement de Napoléon III. On le considère aujourd’hui comme l’un des précurseurs de la sociologie française.
Il décède à Paris le 5 avril 1882.
Frédéric Le Play (1806-1882)

Albert Le Play
(1842-1937)

Il est né le 27 juillet 1842 à Graville Sainte Honorine (Seine-Inférieure).

Sénateur de la Haute-Vienne de 1892 à 1900.

Docteur en médecine, agronome, il est chargé d’organiser, en 1867 à Billancourt, l’exposition agricole, lors de l’Exposition universelle, dont son père est le commissaire général. Albert Le Play a publié de nombreux travaux sur la chimie agricole, et notamment en 1889 un ouvrage intitulé « La carpe, nouveau procédé d’élevage et d’aménagement des étangs ».

Il décède le 8 mars 1937 à Paris.

Pierre Le Play

Pierre Le Play

Il poursuit l’œuvre de son père Albert et de son grand-père et connaît également un succès mérité. Il obtient en 1937 la prime d’honneur départementale qui avait été attribuée à son père en 1879, bel exemple de continuité familiale conforme aux enseignements de l’illustre aïeul.

Béatrice Thomas-Mouzon
(1925 - )

Petite-fille de Pierre Le Play, elle est propriétaire de Ligoure. En 1997, elle fait don au Département de la Haute-Vienne de la partie forestière du domaine.