DES « ÎLOTS D'AVENIR » DANS LA FORÊT DE LIGOURE
Suite au dépérissement et à la coupe quasi rase du peuplement d’épicéas scolytés en 2016, le Département de la Haute-Vienne s’est engagé, en partenariat avec la Région Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre du programme Néo Terra, à reboiser les deux parcelles concernées. Deux « îlots d’avenir » y seront prochainement mis en place.
Ce dispositif spécifique, supervisé par l’Office national des forêts (ONF), consiste en la création d’un réseau de forêts pilotes ayant vocation à servir de laboratoires en matière d’innovation forestière. Avec objectif de tester l’acclimatation de nouvelles essences forestières pour faire face aux enjeux du dérèglement climatique et aux risques accrus qui en découlent (dépérissement, incendie…), 4,01 ha de forêt seront ainsi dédiés à la mise en place de ces îlots. Deux essences y seront plantées : le chêne pubescent et le liquidambar.
Les travaux en cours sont des opérations de dégagement qui consistent à exploiter les quelques arbres encore en place et à préparer le terrain avant les plantations qui se dérouleront entre les mois d’octobre 2023 et mars 2024.
Cette opération est financée sur 5 ans par le Département de la Haute-Vienne et par la Région Nouvelle-Aquitaine, respectivement pour la phase d’entretien et de suivi des plantations et pour celle dédiée aux travaux
L'ENVIRONNEMENT
Dans le parc de Ligoure, le dénivelé est de l’ordre de cinquante à soixante mètres. On observe des crètes surplombant les terres, contrastées par des encaissements profonds des rivières, générant des dénivelés importants. Ces formations particulières ont été appelés « alvéoles » et sont caractéristiques de notre région.
La roche constitutive du Parc de Ligoure est le Gneiss. Il s’agit même d’un gneiss particulier : le Paragneiss. Le Paragneiss est une roche métamorphique sédimentaire, c’est-à-dire qu’elle est formée grâce aux fortes pressions et aux fortes températures, dans la croûte terrestre. Elle contient des minéraux comme le quartz, le mica, les plagioclases, et le feldspath que l’on peut observer à l’œil nu.
Quant aux sols, ceux-ci sont qualifiés de bruns ou brunisols. Les brunisols sont typiques des forêts feuillues des zones tempérées.
Ces sols sédimentaires sont très argileux et empêchent donc l’infiltration de l’eau en profondeur. On en retrouve des traces au sein de la pisciculture, ce qui servait à étanchéifier les bassins extérieurs.
LA RIPISYLVE
Elle a pour but de maintenir les arbres isolés et hauts qui seraient rapidement déchaussés par le courant. Elle permet de maintenir les berges, qui lorsqu’elles sont uniquement couvertes d’herbacés, sont creusées par le dessous, et s’écroulent par pans entiers.
C’est la multiplicité des essences, des types de plantes et de racines qui rend la ripisylve si résistante.
Elle a également un rôle de corridor biologique et a des fonctions importantes d’abri et de source de nourriture pour un grand nombre d’animaux (insectes, oiseaux, reptiles, mammifères) qui la colonisent, ou en dépendent pour leur nourriture.
Elle possède deux fonctions principales :
• Fonction habitat : Les cavités et les racines offrent de nombreux abris et de support de ponte pour les habitants de la rivière (poissons et insectes). L’ombre portée sur la rivière semble être rassurante pour de nombreuses espèces qui réduisent leur activité en pleine lumière. Enfin, elle permet également de garder l’eau fraiche en été, essentiel pour les salmonidés.
• Fonction épuratrice : elle forme un filtre vis-à-vis des matériaux fins et des engrais en provenance du bassin versant
LA FLORE
Au sein du domaine de Ligoure, on note 3 grandes périodes de plantation :
• 1880/1890 : aménagement du domaine par Albert Le Play. Majoritairement des chênes ainsi que de nombreuses châtaigneraies
• 1930/1940 : le domaine est géré par Pierre Le Play. Les châtaigniers disparaissent. De nombreuses futaies de chênes sont plantées (on en trouve encore dans le parc actuellement). C’est également la première vague d’enrésinement (remplacement total ou partiel d’un peuplement d’arbres feuillus par des résineux)
• 1960/1970 : l’enrésinement se poursuit dans le parc.
En 1998, 165 espèces ont été recensées dont une espèce protégée : le Chêne Tauzin.
Sur la forteresse de Châlucet, on remarque la présence de deux fougères d'une grande rareté en Limousin : la cystoptéris fragilis et cystoptéris de Dicken qui sont présentes sur les vieux murs des ruines.
LA FAUNE
Plusieurs sortes d’animaux arpentent la forêt de Ligoure :
• Coléoptères : lucane cerf-volant & Carabe doré, espère rare en Limousin
• Mammifères :
◦ Chiroptères : 6 espèces protégées en France Le Grand Rhinolophe, Le Petit Rinolophe, Le Grand Murin, la Barbastelle. Le Parc de Ligoure constitue un biotope propice aux chiroptères qui apprécient les forêts vieilles, les arbres morts où ils peuvent se nicher sans difficulté. Les ruines du château de Châlucet abritent, elles aussi, ces chauves-souris !
◦ Loutre
• Amphibiens : 9 espèces dont 7 protégées dont Le Sonneur à ventre jaune
• Reptiles : 4 espèces dont 3 protégées
• Oiseaux : 57 espèces (21 chineuses) dont :
◦ Milan royal
◦ Torcol fourmilier
◦ Locustelle Tacheté
◦ Cincle plongeur
◦ Huppe fasciée
◦ Pic Noir
◦ Pic épeiche
• Espèces présentes dans la Ligoure et la Briance : anguille, brochet, carpe, chabot, gardon, truite…